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Le Temps de l'humanité
27 septembre 2008

Pendant les débats scientifiques, la banquise se disloque

Science et Vie, Denis Delbecq - La montée des océans est une réalité. De là à prévoir l’ampleur du phénomène, la science reste encore très imparfaite. Jusqu’à présent, le consensus des scientifiques chargés par l’ONU de faire l’état des connaissances sur le climat, au sein du GIEC (1) s’est fait sur une fourchette de 18 cm à 59 cm de hausse d’ici 2100. Mais de nombreuses études récentes prévoient une hausse qui pourrait dépasser deux mètres. Ce qui provoquerait l’engloutissement de terres bien plus étendues et multiplierait le nombre de personnes déplacées.

Cette semaine, plusieurs signaux contradictoires sont venus compliquer un peu la donne. Aujourd’hui, dans Science, des chercheurs de l’Université américaine de Boulder (Colorado) avancent une fourchette comprise entre 0,8m et 2m, estimant qu’il et très improbable que la hausse des océans puisse être plus importante. Les chercheurs ont tenté de déterminer quelle quantité d’eau de fonte des calottes du Groenland et de l’Antarctique serait nécessaire pour que le niveau des mers monte de deux mètres, en tenant compte aussi de la hausse liée à l’augmentation de la température de l’eau, qui provoque une dilatation du liquide. Ensuite, les chercheurs américains ont comparé cette quantité d’eau au rythme de disparition de ces calottes glaciaires. Ils en concluent que, à l’allure actuelle, la hausse du niveau des océans ne devrait pas dépasser deux mètres.

Pourtant, l’équipe de Boulder devra peut-être refaire ses calculs. Car dimanche dernier, dans Nature Geoscience, une autre équipe américaine, de l’Université du Wisconsin, a montré que les calottes glaciaires peuvent fondre beaucoup plus vite que prévu. Alors qu’on considère que la disparition d’une calotte épaisse de plusieurs kilomètres se fait à l’échelle de millénaires, Anders Carlson et ses collègues montrent que la calotte des Laurentides, qui recouvrait la majeure partie de l’Amérique du nord il y a vingt mille ans a connu deux périodes de débâcle de seulement cinq siècles et de huit siècles, il y a 9000 ans et 7600 ans. La première époque aurait fait monter les océans de 1,3 mètres par siècle, et la seconde de 0,7 mètre par siècle… Reste à savoir maintenant si ce type d’événement peut-être généralisé à une région comme celle du Groenland, dont la physionomie et l’environnement sont très différents. Carlson estime que oui, au contraire de deux collègues qui, dans un commentaire publié dans le même numéro de Nature Geoscience, rappellent que le Groenland a résisté à la dernière déglaciation tandis que la calotte des Laurentides a disparu…

En attendant que le débat soit tranché, les glaces de l’Arctique continuent de fondre. Selon le Centre américain de données sur la neige et la glace (NSIDC), la débâcle record enregistrée en août se poursuit, et la surface de banquise Arctique s’approche tout près du record de minima enregistré l’an dernier, laissant penser qu’il pourra être battu avant la mi-septembre, quand l’arrivée de l’automne fera regeler l’océan. De plus, en août, la banquise de Markham, dans le nord de l’Arctique canadien s’est disloquée, libérant un bloc de 55 kilomètres carrés condamné à se fractionner et à larguer des milliers d’icebergs condamnés à fondre. Dans la région de Serson, ce sont 120 km2 de glace qui se sont séparés de la banquise et ont entamé leur dérive. Une glace qui, puisqu’elle flottait déjà, n’entraînera pas une fois fondue de montée du niveau des océans.

Pour le chercheur canadien Warwick Vincent, interrogé par Reuters le 3 septembre, c’est un signe de l’accélération du réchauffement dans l’Arctique. Il a constaté une débâcle dix fois plus étendue que ce qu’il avait pronostiqué pour cet été. La température a parfois atteint 19,7 degrés dans la région de Markham, contre une moyenne estivale de 8 degrés…

(1) Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat.

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